L’autodafé du Coran révèle la gestion du deux poids deux mesures de l’Occident
Isabelle Soumaya Praile, belge d’origine, est née dans une famille chrétienne et elle a grandi dans un milieu de valeurs morales et de respect envers la diversité des croyances, idéologies, cultures, races et origines sociales. Baignée dans un esprit critique de l’instrumentalisation par les humains des religions et idéologies pour asseoir la domination d’une minorité de personnes au détriment de la majorité, tels l’inquisition, les guerres, le capitalisme, les dérives politiques, le colonialisme et ses formules modernes, les discriminations et violences envers les femmes....
Elle a trouvé des réponses aux questions existentielles de son enfance en plus d’un modèle de construction personnelle en phase avec la modernité et ses principes de justice dans l’islam de la famille infaillible du Prophète (paix sur Lui et sa famille bénie). Ses aspirations ont aussi trouvé leur concrétisation dans la conduite de l’Imam Khomeiny qui a institué la révolution de l’Islam authentique contre l’oppression et l’arrogance mondiale avec fermeté et sagesse.
Son expérience de vie l’a confronté aux paradoxes d’une société occidentale dont l’étendard de la démocratie et des libertés consacrées par les textes de loi en théorie n’est en réalité qu’un mirage par ses pratiques d’injustices et d’oppression envers les peuples livrés à la solde des forces des finances internationales. Ce qui a motivé ses engagements au titre d’acteur de changements pour éveiller cette société à travers diverses actions associatives et politiques.
L’Occident continue d’autoriser les autodafés du Saint Coran, sous prétexte de soutenir la liberté d’expression. Est-ce que la liberté d’expression peut être un prétexte pour soutenir la propagation de la haine ?
L’homme investi son droit à la liberté depuis sa naissance et lorsqu’il agresse autrui sous prétexte d’être libre, sa pratique de la liberté devient abusive parce qu’il s’inscrit dans un rapport de force qui annule la raison morale de la liberté. La liberté d’expression, pratique du droit à la liberté, doit respecter une dimension morale.
La liberté absolue sans règle morale est un état dont jouissent tant les hommes que les animaux. Les humains sont dotés de libre arbitre qui leur confère une responsabilité morale de leur liberté. Lorsque la pratique de la liberté ne respecte pas les règles morales, elle devient abusive, grossière, incivique etanimale.
A son tour, lorsque la liberté d’expression est prétextée pour propager la haine et mettre en péril la cohésion sociale, elle devient en réalité abusive, grossière, incivique et animale. Ceux qui soutiennent cette forme de la liberté d’expression ils soutiennent l’abus, la grossièreté, l’incivisme et la bestialité.
Est-ce que l’autodafé du Saint Coran n’est pas une violation des droits de l’homme que l’occident prétend soutenir ?
Les Droits de l’Homme sont un acquis indéniable des sociétés qui ont payé un lourd tribu humain pour y parvenir. Ces autodafés du Coran vont clairement àl’encontre des sociétés qui ont institué ces droits car ces pratiques portent atteinte à beaucoup d’humains qui sont censés être respectés par les Droits de l’Homme. Par cela, on comprend clairement que les Droits de l’Homme ne sont qu’un cadre légal théorique d’apparence dont la mise en pratique reste fort aléatoire en Occident.
La question de l’autodafé révèle la gestion du deux poids deux mesures de l’Occident. Plusieurs éléments de l’actualité mettent en exergue les violations des droits humains envers certains qui se perpétuent. La critique envers la politique israélienne est assimilée à de l’antisémitisme pénalement répréhensible en Occident. Toute allusion, même de manière humoristique envers l’identité juive sacralisée est interdite et plusieurs en paient les frais.
D’autres sujets sont devenus tabous tels les critiques envers les nouvelles théories du genre et les questions LGBT qui imposent un mutisme parmi les populations qui ne sont plus libres de leurs opinions sur la question. Et pour finir, l’affaire Julien Assange montre indéniablement que lorsque quelqu’un s’exprime pour dévoiler les manigances politiques occidentales qui bafouent les droits de l’homme, il subit l’incarcération et les maltraitances multiples. Alors que dans l’affaire actuelle qui nous concerne, celui qui agresse les droits humains en brûlant le Coran, il reçoit le soutien politique et l’encouragement à la récidive.
Quels sont les mécanismes que les pays islamiques peuvent adopter afin de prévenir la répétition de tels actes dans l’avenir ?
Dans une relation égalitaire entre les antagonistes, on pourrait imaginer des moyens légaux de pression politique, diplomatique et économique voire des recours en justice envers la Suède ou tout autre pays autorisant ce type de comportement. Cependant, la situation des pays musulmans en est tout autre ...
La civilisation occidentale se réfère constamment à la Grèce antique et s’inspire de la démocratie grecque avec tous les mythes qui la constituent au point d’appeler son programme de fusée « Ariane » (déesse grecque). Cette réalité dévoile que le respect des valeurs morales n’est qu’un mythe. Le président de la plus grande puissance occidentale a déclaré il y a peu que son seul intérêt pour le monde musulman est son pétrole et il a affirmé qu’un certain pays dans on entièreté avec toute sa population n’est qu’une vache à traire. Tant les pays musulmans ne prennent pas conscience du respect qui leur est dû et qu’ils restent dans une posture vassale envers les « superpuissances occidentales », leurs emblèmes et en particulier le Noble Coran resteront des proies faciles pour ce genre d’agression.
Le mécanisme principal à adopter par les pays musulmans repose sur le fait d’œuvrer pour recouvrer le respect et la dignité de la part d’un occident qui ne valorise dans son for intérieure que l’intérêt et la force.
Comment les musulmans peuvent réagir à la profanation du Coran ?
Ces actions provocatrices desservent les politiques d’extrémisme raciste et trouveront un grand soutien dans les réactions violentes de certains musulmans qui ne font qu’alimenter les représentations négatives qui frappent l’islam et ses emblèmes.
Les stratégies de manipulation ou de désinformation de la conscience humaine se feront un régal de toute posture pouvant être détournée de son objectif en vue d’être récupérée par le système.
Les musulmans conscients de ce qui précède, soutenus par les gouvernements de leur pays d’origine, devraient s’organiser légalement afin d’user de tout moyen légal de protestation (manifestation, pétition, grève, boycott économique, etc. ... ) pour éveiller l’opinion publique et stimuler sa conscience sur la gravité de ces faits d’agression en contradiction avec la bienséance et qui peuvent nuire à la paix sociale, condition nécessaire pour la diffusion du message de miséricorde de notre Saint Coran et de l’islam. Par cette attitude, les citoyens musulmans pourraient participer à la progression de l’Occident vers la réalisation de la liberté morale et non bestiale.
Que cherche l’Occident par cette attitude ? Est-ce qu’il veut chasser les musulmans de son territoire ?
L’immigration musulmane vers l’Occident est le fruit du colonialisme dont le dessein principal était de profiter de sa mainmise sur le monde. Le néocolonialisme s’est substitué au colonialisme militaire qui n’est plus d’actualité. Ce qui motiva l’immigration vers l’Occident pour profiter davantage des populations colonisées. Ce profit porte sur l’asservissement de la main d’œuvre bon marché des ouvriers, des intellectuels et des scientifiques. En plus de l’exploitation de ces masses humaines dans le pays d’accueil, ces communautés « étrangères » servaient l’influence politique occidentale sur leurs pays d’origine. Actuellement, suite à la crise économique mondiale, on assiste à des courants politiques qui mettent en question la présence des musulmans et de l’Islam.
L’Islam et donc les musulmans représentent une résistance à la politique assimilationniste du néocolonialisme. Depuis des siècles, le Coran, le Prophète et les imams infaillibles de sa descendance (paix sur eux) sont des emblèmes sacrés dont les références et l’éducation perdurent et vont à l’encontre de la pensée matérialiste et polythéiste. Les autodafés cherchent à nuire à ces emblèmes et à ce qu’ils représentent afin d’amoindrir voire annuler leurs valeurs sacrées et leurs portées. Ces tentatives de désacralisation visent à la désintégration de l’identité et des valeurs musulmanes sous peine de rejet ou d’expulsion du territoire en cas de refus d’obtempérer ou pire encore la déclaration d’une guerre civile selon certains extrémistes minoritaires. Je rappelle au passage les propos d’un certain président français dans un contexte de crise identitaire face aux particularités musulmanes : « La France, tu l’aimes ou tu la quittes ! » En réalité, ces stratégies diaboliques qui attisent la haine sont nocives au vivre ensemble de la diversité qui constitue la réalité de nos pays...
Par Parvaneh Salehi
