Le transfert de l'islamophobie de la société au cyberespace
L'islamophobie est un terme utilisé pour décrire l'hostilité irrationnelle, la peur ou la haine de l'islam, des musulmans et de la culture islamique. Ces hostilités comprennent un large éventail de comportements, des attaques physiques ou verbales contre des biens, des lieux de culte et des musulmans (en particulier ceux qui présentent des signes extérieurs de croyance en l'islam, comme l’hijab pour les femmes), des politiques et des lois qui ciblent indirectement ou affectent de manière disproportionnée les musulmans et restreignent leur liberté de religion, et des déclarations publiques de certains journalistes et politiciens qui stigmatisent les musulmans et ignorent leur contribution positive au développement des pays où ils vivent.
Ces dernières années, l'inquiétude concernant l'intégration des minorités musulmanes dans la culture européenne, a alimenté l'islamophobie. Ces tensions se sont accrues depuis le ralentissement économique de 2007, la montée des politiciens nationalistes populistes et les opérations terroristes des islamistes radicaux. Les musulmans ne sont pas les seules victimes de l'islamophobie. Les juifs du Moyen-Orient, les adeptes de la minorité sikhe, les chrétiens arabes et toute personne répondant aux stéréotypes occidentaux sur les musulmans, sont la cible d'attaques anti-islamiques.
L'un des hashtags apparus sur Twitter après l'attaque contre le magazine Charlie Hebdo en 2015, était l’hashtag #KillAllMuslims. Cet hashtag, devenu populaire en Grande-Bretagne, contenait des remarques provocatrices et racistes sur les musulmans et l'islam. Un contenu similaire sur les musulmans, a été partagé non seulement sur Twitter, mais également sur d'autres médias sociaux comme Facebook, Instagram, Myspace, hi5 et bebo. Les femmes musulmanes, quant à elles, ont été les plus grandes victimes de la haine en ligne.
L'Allemagne qui a une population de 81 millions d'habitants et la deuxième plus grande population musulmane d'Europe occidentale après la France, avec environ 4,7 millions de musulmans, est un bon exemple d’islamophobie en ligne. Selon un rapport publié dans les médias allemands, les sentiments antimusulmans et antisémites sont devenus courants en Allemagne, et le ministère allemand de l'Intérieur a enregistré 1026 attaques contre des musulmans en 2020.
Un imam de mosquée a déclaré : « Une grande croix brisée (symbole du parti nazi) ait été érigée sur les murs de la mosquée, et au lieu de 100, seules 10 personnes sont venues aux prières du vendredi. Les jeunes musulmans ne sont pas venus aux prières en commun parce qu'ils avaient peur. L'enquête policière n'a donné aucun résultat. La mosquée a ensuite été déplacée dans un endroit où il y a une surveillance vidéo de tous les côtés du bâtiment. Nous recevons régulièrement des messages comme « Rentrez chez vous » ou « Ce pays n’est pas pour vous ». Certains d'entre eux sont imprimés ou fabriqués à partir de lettres de journaux. Parfois, ils contiennent des images insultantes du Prophète de l'Islam (as) ».
Selon Daniel Höltgen, représentant spécial du Conseil de l'Europe : « La plupart de ces messages sur internet, sont anonymes, les lacunes juridiques sur l’Internet permettent aux utilisateurs d'envoyer des commentaires racistes et même dangereux, sans craindre de réelles conséquences. Le terroriste qui a attaqué une synagogue dans la ville de Hale en 2019, a diffusé ses actions en ligne, imitant un accident similaire il y a quelques mois, à Christchurch, en Nouvelle-Zélande, lors de l'attaque d'une mosquée. Cela montre que le harcèlement en ligne des minorités raciales et religieuses peut se réaliser dans le monde réel. Des exemples vus dans le cyberespace, qui semblent n'être que de la rhétorique haineuse, peuvent rapidement avoir un impact sur la société et contribuer à des actes très violents qui risquent de coûter des vies ».
