Une musulmane suédoise réhabilitée par la justice

8:02 - August 18, 2018
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Geste courant de la vie quotidienne, la traditionnelle poignée de main a été rédhibitoire pour Farah Alhajeh, une jeune suédoise de confession musulmane, qui a refusé de s’y plier pour des raisons religieuses lors d’un entretien d’embauche.

Eliminée d’office par le dirigeant de la société qui devait l’auditionner pour un poste de traductrice, la jeune femme de 24 ans n’aura guère eu le temps de défendre ses chances au cours de cette rencontre professionnelle aussi froide qu’expéditive.


Discriminée pour avoir choisi de saluer son interlocuteur en posant sa main sur le cœur, Farah Alhajeh a vu les portes de l’entreprise se refermer devant elle, tandis que s’ouvraient celles du tribunal administratif d’Uppsala, où elle a pu plaider sa cause.

Sensible à ses arguments, la justice suédoise s’est montrée bien moins dogmatique que le recruteur qui l’a refoulée sans état d’âme, estimant sa plainte pour « discrimination à l’embauche » parfaitement justifiée. En effet, selon les juges des prud’hommes, l’entreprise n’aurait pas dû exiger que la poignée de main soit obligatoire et, encore moins, en faire un critère de sélection, car cela « pouvait exclure certains musulmans pratiquants ».


Déterminée à rester fidèle à ses convictions coûte que coûte, Fareh Alhajeh a certes perdu une bataille dans le monde du travail, mais a remporté une importante victoire judiciaire qui pourrait faire jurisprudence en Suède, assortie d’indemnités substantielles pour le préjudice moral subi, à hauteur de 4 000 euros. Une victoire qui a laissé sans voix la défense de l’employeur, après avoir désigné à la vindicte cette citoyenne jugée récalcitrante, car s’autorisant à bafouer le principe de l’égalité hommes-femmes en refusant de serrer la main d’un homme.


« Je crois en Dieu, ce qui est très rare en Suède… Et je devrais pouvoir le faire et que cela soit accepté du moment que je ne blesse personne », a déclaré Farah Alhajeh à la télévision publique suédoise SVT, renchérissant : « Dans mon pays, on ne peut pas traiter différemment les hommes et les femmes. Je respecte cela. C’est pourquoi je n’ai de contact physique ni avec les hommes ni avec les femmes. Je peux vivre selon les règles de ma religion, tout en suivant celles du pays dans lequel je vis ».

Riche de sa victoire dans le prétoire, et non de l’argent versé en contrepartie de l’ostracisme qui lui a été infligé, cette jeune suédoise musulmane a repris le cours normal de son existence. Elle avance dans la vie d’un pas plus léger, toujours désespérément à la recherche d’un emploi, mais en se sentant totalement réhabilitée par une justice à qui elle a eu raison de faire confiance.


« L’argent n’a jamais été important. Mais j’avais raison, c’est ça l’essentiel. J’espère ainsi donner de l’espoir aux autres musulmans qui connaissent la même situation et baissent les bras », a-t-elle confié.

oumma

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